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L’aqueduc de Gorze à Metz

Les vestiges les plus spectaculaires que la romanisation a laissés en Moselle sont ceux du pont-aqueduc qui franchit la Moselle entre Ars-sur-Moselle et Jouy-aux-Arches et qui n’est que la partie la plus monumentale d’un ouvrage presque entièrement souterrain, long de 22 km, qui amenait l’eau vers le chef-lieu de la cité des Médiomatriques, depuis la source des Bouillons située sur la Côte de Moselle à 208 m d’altitude. Cet ouvrage exceptionnel, construit au courant du IIe siècle lorsque Divodurum-Metz connaît sa grande phase de développement urbanistique, a sans doute été financé par des sévirs augustaux du chef-lieu, comme l’atteste une des pièces majeures de la riche collection d’épigraphie latine du musée de Metz. Cette inscription, étudiée par Yves Burnand, indique que six sévirs augustaux, dont les noms sont partiellement connus, ont amené l’eau depuis son origine jusqu’à Divodurum et qu’ils ont dédié un nymphée avec toute sa décoration et avec un portique à leurs frais. Cet acte d’évergésie, qui s’estime en millions de sesterces, témoigne de la richesse des sévirs augustaux de cette ville.

Le tracé de l’aqueduc comprend trois tronçons. Une conduite souterraine, longue de 13 km, amène l’eau depuis la source jusqu’au pont-aqueduc qui permettait le franchissement de la Moselle pour rejoindre la rive droite de cette rivière.
Le pont-aqueduc est encadré par deux bassins, l’un assez monumental à l’amont, l’autre nettement plus petit à l’aval. Au-delà de ce bassin, la conduite souterraine se dirigeait vers le sud de Metz, se terminant probablement là où fut découverte, en 1848, l’inscription des sévirs. Il y existait sans doute un château d’eau qui distribuait l’eau dans le réseau urbain de la ville.

L’aqueduc de Metz, un des mieux conservés dans la partie occidentale de l’Empire, permet d’appréhender la puissance et la permanence romaines. Il montre les compétences techniques des ingénieurs et des techniciens, sachant conduire l’eau sur un parcours accidenté de plus de 20 km en franchissant des obstacles comme la vallée de la Moselle grâce à un ouvrage exceptionnel, et le rayonnement des élites urbaines, capables de financer, d’entretenir et de gérer de telles constructions pour les besoins, mais aussi les plaisirs, du peuple. Un monument qui mérite sans nul doute un détour.