L’histoire de la famille Fléchet est le reflet d’un parcours chapelier exemplaire illustrant bien le passage de l’artisanat à l’industrie. Elle commence avec Gabriel, né en 1836, à Larajasse, une petite commune à quelques km de Chazelles-sur-Lyon.
Le maître-Chapelier
Son père est un modeste propriétaire agriculteur. Peu de temps après la mort de ce dernier, Gabriel Fléchet vient à pied à Chazelles-sur-Lyon, dans les années 1850, pour y trouver du travail. Cette ville est modeste, mais jouit d’une bonne renommée fondée sur la facilité d’embauche et les bons salaires, dans la chapellerie tout particulièrement. A cette époque, le métier est encore artisanal. Après un long apprentissage et son tour de France, il devient maître-chapelier. En 1865, il épouse Louise Gord, fille d’un propriétaire d’une maison non loin du site Fléchet. Les époux hériteront par la suite de cette maison et leur mariage les hissera dans la société chazelloise.
De père en fils
Quelques années plus tard, Gabriel Fléchet acquiert du terrain en bordure de la rue Ramousse. Le principal attrait de ce quartier réside, en effet, dans la disponibilité de terrains agricoles. Il construit alors une petite fabrique qu’il cédera à son gendre, Antonin France, également industriel chapelier. Le 21 avril 1895, Gabriel Fléchet transmet son patrimoine industriel à ses trois fils, Pierre, Louis, Benoît. La société Fléchet Frères est née.
de la fabrique à la SA
L’entreprise prend un essor important. C’est un vaste immeuble industriel qui est bâti en 1902, puis agrandi la génération suivante en 1927. Le décès de Louis, en 1904, puis de Pierre en 1906, ne remet pas en cause la société. Benoît, à 36 ans, se retrouve seul aux commandes de cette vaste entreprise. L’épouse de Pierre se retire des affaires. La maison Fléchet est transformée, en 1925, en société anonyme.
A la mort de Benoît Fléchet, ses deux fils, Max et Georges, puis René, leur cousin (fils de Pierre), poursuivent l’activité. Les trois jeunes patrons entreprennent de se partager le travail. Max se charge des relations publiques, Georges assure la direction financière, et René supervise la production.
La fabrique Fléchet s’est développée durant la première moitié du XXe siècle à l’instar des autres chapelleries chazelloises. On relève le chiffre de 50 ouvriers en 1894 (Gabriel Fléchet), de 350 en 1912 (Benoît Fléchet) et près de 600 en 1930 (Max, Georges et René Fléchet).
Dans les années 1920, on assiste à une véritable réussite des Fléchet.
L’influent Max Fléchet
Max Fléchet est une personnalité influente sur le plan local et malgré ses diverses responsabilités politiques, dont celles de sénateur et de président des conseillers du commerce extérieur de la France (1967-1975), l’obligeant à d’incessants voyages en France et à l’étranger, il n’en continue pas moins de défendre les intérêts de son entreprise. Ces voyages lui permettent notamment de développer les rapports commerciaux avec Paris, mais également avec toutes les capitales mondiales.
Les Fléchet sont ainsi les fournisseurs privilégiés des grandes maisons françaises Gelot, Lanvin, Cardin, Motsch (aujourd’hui Hermès) et de Montezin, grossiste, fréquemment associé dans les revues de mode à des noms tels que Rose Valois, Paulette, Claude Saint Cyr… Ils commercent également avec l’Amérique du Sud, les Etats Unis, l’Afrique… Cette réussite est due autant au dynamisme commercial de Max Fléchet qu’à la qualité haut de gamme des produits de l’entreprise.