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La mine de Blanzy, entre histoire et légende

La Mine de Blanzy, en Bourgogne, devenue musée, fait découvrir un pan de l’histoire industrielle. Par Théo Desanti (texte et photos).

Jusqu’à sa fermeture en l’an 2000, la mine de Blanzy, à 4 km au nord de Montceau-Les-Mines est l’un des principaux bassins miniers Bourguignons. Bien que la présence de charbon soit détecté dès le Moyen-âge, ce n’est qu’en 1833 que la mine industrielle est réellement fondée par Jules Chagot.
Lors de cette révolution industrielle, on rassemble toutes les mines artisanales pour n’en faire qu’une, grande et unie. Ainsi, la ville de Montceau-les-Mines est créée afin d’accueillir toute la main d’œuvre locale. La mine s’étend sur 15 km et passe sous 7 communes.  Jusqu’à 13 500 personnes y travaillent, ce qui donne un aperçu de l’ampleur de cette industrie dans la région.

Mine de Blanzy : un exemple de paternalisme

Comme la famille Schneider au Creusot, les Chagot, à Montceau-les-Mines sont adeptes du paternalisme : Le patron offre logement, soins, chauffage, loisirs, et système éducatif à ses ouvriers afin de fixer la main-d’oeuvre et l’éloigner des cabarets où se développent l’alcoolisme et les idées politiques. En « échange » les Chagot dominent économiquement, socialement mais aussi politiquement le bassin minier : Léonce Chagot, neveu de Jules Chagot, est à la fois directeur des Mines de Blanzy et maire de la ville de Montceau-les-Mines de 1856 à 1878. La confusion est totale entre les deux administrations et le personnel de la Compagnie assure la plupart des tâches municipales jusqu’en 1900.
Cette volonté de moraliser la classe ouvrière s’exprime largement à Montceau dans la politique religieuse de la famille Chagot : la construction d’églises, l’enseignement du catéchisme dans les écoles, sans oublier les cérémonies religieuses qui jalonnent la vie des mineurs.

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Reconstitution du travail des mineurs à la Mine de Blanzy. Photo Théo Desanti

Lorsque l’on arrive devant le musée de la mine, on est tout de suite interpellé par son chevalement. Il s’agit d’une structure mesurant 27 mètres qui sert à descendre et à remonter à la fois les mineurs et le minerai.

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Chevalement de la mine de Blanzy, sur le puits Saint-Claude. Photo Théo Desanti.

Un peu plus loin, dans la mine de Blanzy la salle des machines, est sans doute l’endroit le plus assourdissant pour travailler. C’est de là qu’est « piloter » la machine qui permet aux ouvriers de descendre dans le fond. Mais dans la première moitié du XIXe siècle, il n’existe ni cage ni berlines capables de transporter le matériel, le charbon, ou le personnel. Les mineurs descendent alors dans le puits par une échelle et accessoirement dans des bennes, semblables à de gros tonneaux. Ce n’est qu’à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, les puits sont progressivement équipés de cages, qui minimisent les risques quant au transport des hommes et des marchandises.

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Salle des machines de la mine de Blanzy. Photo Thé Desanti

Mine de Blanzy : la découverte souterraine

Tout cela n’est qu’un petit aperçu de ce qui se trame sous terre… À quelques dizaines de mètres se trouve l’entrée de la mine. Un long tunnel encombré de rails, sur lesquels reposent des chariots, s’étend sous nos yeux. Une fraicheur, une odeur de minerai s’emparent de nous au fur et à mesure que nous progressons le long des 200 mètres accessibles au public. On y découvre les derniers outils utilisés pour l’exploitation de la mine, un tapis roulant pour remonter le charbon, des foreuses automatiques ou encore une sorte de tire-fesses permettant aux mineurs de se déplacer plus rapidement.

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Entrée de la mine de Blanzy. Photo Théo Desanti.

Mine de Blanzy : le poussin

S’en suit alors un dédale de couloirs aux murs noircis par le charbon. Au début d’un de ces couloirs, on remarque un petit boitier jaune. Salvateur, il avait pour but de signaler la présence trop élevée de gaz et de limiter les risques d’asphyxie ou d’explosion.  Ce boitier est appelé « Poussin », en hommage à l’animal qui était réellement utilisé pour prévenir de ces dangers. En effet, lorsque le gaz s’avère être trop abondant dans la mine, le poussin meurt asphyxié et les mineurs cessent immédiatement le travail jusqu’à ce que le gaz se dissipe.

Mine de Blanzy : l’âme des lieux

On ressent une véritable présence dans ces mines, tant d’hommes y sont passés et tant de souvenirs y ont été laissés. Les nombreux ouvriers morts dans la mine cèdent la place aux légendes telles que celle du « chti mineur » qui provoque les éboulements. On dit même que les mineurs entendent son rire avant chaque catastrophe.
Cette mine a véritablement écrit l’histoire des familles vivant dans les villages aux alentours. La fierté qu’ils ressentent en évoquant « Blanzy » nous donne naturellement envie d’en apprendre davantage sur ces vestiges industriels.

Mine de Blanzy ; infos pratiques

MUSÉE DE LA MINE DE BLANZY
34, rue du Bois Clair 71450 Blanzy
Tél. : 03.85.68.22.85

Le musée propose des visites ouvert du mois d’avril au mois de novembre, pour les particuliers, et toute l’année sur RDV pour les groupes.
On y découvre
-la galerie d’exposition, à l’étage du bâtiment principal du musée, qui présente l’évolution du travail des mineurs dès le milieu du XVIIIe siècle, à travers des objets, des photographies et des gravures.
-une projection vidéo qui présente le processus de formation du charbon, témoigne des techniques minières récentes.
-la découverte des bâtiments, machines et installations du Jour et du Fond (dans la galerie), accompagnée d’un guide (comptez 1 h 15mn).