Accueil » Guerres mondiales » Léon Gautier : j’y suis, j’y reste

Léon Gautier : j’y suis, j’y reste

Membre du commando N°4 « Kieffer »,  Léon Gautier qui a débarqué à Ouistreham, le 6 juin 1944, y vit toujours. Il est le président du musée de son commando. Son petit fils est à son tour devenu béret vert.

©balades-historiques.com ©Eric Beraccassat

Léon Gautier et son épouse Photo Eric Beracassat

Membre du commando N°4 « Kieffer », Léon Gautier a épousé une Anglaise du corps des transmissions. Il vit toujours à Ouistreham où il est le président du musée de son commando… Propos recueillis par Dominique de La Tour.

« Chacun avait son histoire. Je suis breton, comme beaucoup du commando. Apprenti canonnier, j’ai défendu Cherbourg contre les avions allemands qui mouillaient des mines dans le port. Des canons de 18 rectifiés, totalement inefficaces : si nous avons pu traverser et rejoindre l’Angleterre, c’est qu’un bateau comme le nôtre, ça valait pas le prix de la torpille… Après, j’ai fait la campagne d’Afrique du Nord. Puis j’ai entendu parler des fusiliers marins du commandait Kieffer. C’est le mot « marin » qui m’a donné envie de m’engager. On a donc suivi un entraînement commando, très dur, aux côtés des Britanniques.
Le 6 juin, m’être déjà battu ne m’a pas beaucoup aidé : un débarquement, c’est quelque chose ! Vous savez, on chiale. Mais on nous avait répété une chose – qu’on n’a pas dite aux pauvres gars d’Omaha Beach : quand on débarque, il faut courir le plus vite possible vers où ça tire, pour se placer dans les angles morts. Pas rester sous le feu. Cela dit, sur 177, nous n’avons été que 24 à ne pas être blessés. En revanche, ma femme anglaise a été blessée à la tête. Elle n’était pourtant pas dans les commandos, mais dans les transmissions, elle posait des lignes téléphonique…
On a combattu 70 jours. Avec les pertes, malheureusement, on a toujours eu assez de nourriture. Il y avait de la viande, du bacon – un peu gras – et du chocolat ! On en donnait aux civils, c’était un peu le système. Notre aventure s’est achevée par une charge à la baïonnette à Saint-Maclou. On a gueulé à toutes forces. On a eu un blessé – il s’est pris la pointe de celui qui venait derrière. Oh, c’était pas trop grave. C’est alors qu’on a été relevé. Définitivement. On a laissé à d’autres le soin de continuer jusqu’en Allemagne ! »