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Jour J : Sur les pas du Commando Kieffer

De Ouistreham à Caen, une balade historique sur les traces du Commando Kieffer, un groupe de 177 fusiliers marins français qui furent les premiers à débarquer en France le 6 juin 1944.

On sait peu que, le 6 juin 1944, la couronne britannique a débarqué plus d’hommes que les États-Unis. On sait encore moins que les tout premiers étaient… des Français. Les 177 hommes du commando d’élite du commandant Kieffer. A travers ville et champs avec les héros.  Par Dominique de La Tour. Photos : Eric Beracassat

©balades-historiques.com ©Eric_Beracassat

Une solide défense allemande malgré les bombardements anglais.

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Louis Lanternier un des fusiliers Marins Commando français. Photo Eric Beracassat _Musée Arromanches.

Tout a commencé entre les dunes de la charmante plage d’Ouistreham. Ce jour-là, on l’appelle Sword – de son nom de code. Après une traversée au son de « Blue Bonnets over the border », distillé par la cornemuse d’un frère d’armes écossais, le commando n°4 a sauté de ses embarcations et touché terre. Les canons de la Royal Navy ont mal préparé l’affaire ; l’artillerie allemande élimine les quelques chars qui doivent appuyer leur avance. Coup de chance, cependant : sur la plage, les soldats marchent sans encombre sur le champ de mines : la tempête du 5 juin a jeté une couche de sable si épaisse, qu’elle amortit le pas. Et ils avancent, avant-garde du Jour J : 177 noms de la France Libre gravés sur les ailes d’acier qui composent le monument qui se dresse maintenant, devant la tourelle du bunker qu’ils ont détruit à la roquette. A côté, les stèles des premiers morts, dont leur médecin, le Dr Lion. Blessé dès les premières minutes, Kieffer réussit néanmoins à emprunter à un autre régiment un tank, seul capable de mettre hors de combat le point de résistance des Nazis : le canon du Riva Bella.

Leur premier objectif, c’est précisément ce casino, arasé et transformé en poste d’artillerie par les pionniers allemands, qui ont élargi son angle de tir en dynamitant les maisons du front de mer. Le casino n’est pas celui qu’on voit aujourd’hui. L’original a entièrement disparu sous la résidence, juste en face. Cependant, le petit musée « N° 4 Commando » occupe la place conquise : une introduction avec documentaire et équipements des soldats de l’époque .

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Le Grand Bunker, Musée du Mur de l’Atlantique. Photo Eric Beracassat

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croquis allemands pour éviter les tirs fratricides. Photo Eric Beracassat

A l’est de la ville se trouve le Grand Bunker, alias musée du Mur de l’Atlantique : la tour de réglage du tir de l’artillerie côtière du secteur. Les portes gardent la déchirure du plastic employé par les Britanniques pour « ouvrir la boîte ». Reste une partie des installations, dont sa salle de transmission et le redoutable télémètre : de là-haut, la vue sur Sword est toujours parfaite.

Après les deux musées, on commence par 8 km au sud-ouest d’Ouistreham, en direction du réseau de bunkers Hillman (leur nom de code britannique). Il faut remonter le boulevard maritime vers l’est, jusqu’à la rue de la Mer, tourner à gauche, vers le sud, et continuer tout droit, à travers Colleville (Grande Rue, rue des Marronniers, puis du Suffolk Regiment. Le bunker principal est à la sortie du bourg, sur la droite. Devenu petit sanctuaire, il rend hommage aux Britanniques du 1er bataillon du Suffolk Regiment qui a pris le réseau fortifié, le blockhaus le plus récalcitrant ayant été conquis par un seul homme. Pompes pour renouveler l’air, lits pliants, radios : on découvre dans quel confort relatif les troupes nazies attendaient un débarquement qui était censé… se produire à Calais ! Une des tourelles porte encore les croquis rédigés en allemand, dont le casino Bella Riva, clairement indiqué pour éviter les tirs fratricides.

Poursuivant tout droit, vous obliquez à 500 m à gauche, dans le chemin (dit d’Orléans, puis des Longs Champs) en direction de Bénouville (6 km). Enchaînez avec la rue de la Fosse-Poirier, avant d’obliquer dans l’avenue du 5-juin-1944. Au rond-point, le pont Pegasus Bridge est sur la droite, bien visible.

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Le fameux Pegasus Bridge. photo Eric Beracassat

C’est là qu’un autre commando, mené par le Laird écossais Lovat, fait la liaison avec des troupes britanniques larguées sur l’autre rive – avec leurs planeurs. D’où le nom de « Pegasus Bridge » (Pégase était le cheval ailé de l’insigne des troupes aéroportées). Malgré ce que mentionne les commentaires bilingues, Lovat ne traversa pas au son de la cornemuse : le feu, trop puisant, l’obligea à ramper le long du tablier. En témoigne Arlette Gondrée, alors enfant, et qui a pris la suite de ses parents à la tête du café Gondrée – le rendez-vous des anciens combattants britanniques, où vous pouvez déjeuner.

Mais le vrai Pegasus Bridge a été changé. L’original est au musée homonyme d’à côté, encore marqué par les blessures des balles de mitrailleuses. Sur l’autre rive, après le deuxième pont, se trouve la nécropole britannique de Ranville, repérable à sa grande croix à épée blanche.

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La nécropole britannique de Granville. Photo Eric Beracassat

Vous enchaînez ensuite avec l’agréable marche sur Caen. L’itinéraire, très populaire ici, n’est autre que le nord du GR36, qui utilise la Voie Verte sur une quinzaine de kilomètres au bord de l’eau, jusqu’à la capitale du Calvados. Il est agrémenté d’un passage devant le beau château néo-classique de Bénouville, témoin des combats. Il permet de faire quelques haltes à des monuments et vestiges des combats avant de terminer devant le monument britannique, au pied du château des ducs de Normandie.

Dominique de La Tour