Le monument Cobbers qui se trouve au parc mémorial australien non loin de Fromelles est un lieu de mémoire de la première guerre mondiale. Il se situe tout près de la partie des lignes allemandes que les Australiens réussirent à atteindre et qu’ils tinrent jusqu’au 20 juillet au matin avant de devoir regagner leurs lignes d’origine.

Le Monument Cobbers qui commémore la solidarité des troupes australiennes lors de la bataille de Fromelles en juillet 1916. Photo Christophe Courau.
le Monument Cobbers, pour ne pas oublier
Le monument Cobbers commémore le courage et la solidarité des australiens. À la fin des combats de la désastreuse bataille de Fromelles le 20 juillet 1916, dont on peut suivre le déroulement au musée de la bataille, des centaines de blessés restent au sol dans le no man’s land entre les lignes allemandes et australiennes. la statue qui y trône depuis 1998 dans le parc mémoriel est l’œuvre du sculpteur Peter Corlett. elle rappelle le rôle du sergent Simon Fraser du 57e bataillon de l’Australian Imperial Force, qui comme de nombreux autres soldats va malgré le péril ramener des blessés en les portant sur son dos.

La statue du Monument Cobbers date de 1998. Elle rappelle le souvenir du Sergent Fraser. Photo Christophe Courau
Un travail risqué qui va se poursuivre pendant trois jours. L’histoire raconte qu’au petit matin, en plein brouillard, le sergent Fraser entend un appel au loin qui dit « Don’t forget me, cobber » ( Ne m’oublie pas camarade/ pote) : pote se dit cobber en langage familier. Fraser part récupérer son frère d’arme, un homme du 60e bataillon, une unité particulièrement meurtrie par les combats puisque sur les 887 hommes le composant seuls 106 répondront à l’appel après la bataille.

Soldat australien mort dans les lignes allemandes à Fromelles, en juillet 1916 . photo Département Australien des Vétérans /[AWM A01566]
Le site du département australien des anciens combattants rappelle que récupérer un blessé surtout s’il avait une blessure grave n’était pas simple, surtout si aucun brancard n’était disponible ce que Fraser exprimera dans une lettre reproduite en 1929 dans l’ouvrage « Histoire officielle de l’Australie dans la guerre de 1914-1918, tome 3, Sydney, 1929.
Vous deviez vous coucher et le mettre (le blessé) sur votre dos, puis vous lever et esquiver les balles, avec le risque d’être touché par un balle avant d’être à l’abri.
Fraser décrit aussi les cris des blessés, et à quel point il était impossible pour ceux qui les entendaient de ne pas répondre, malgré le danger auxquels les sauveteurs étaient exposés. L’un des hommes qu’il entendit crier pesait 88 kilos, difficilement transportable sur le dos. Fraser poursuit
je ne pouvais pas le hisser sur mon dos ; mais je parvins à le placer dans une ancienne tranchée et lui demandai de rester immobile pendant que je cherchais un brancard. Puis un autre homme […] cria « Ne m’oublie pas, camarade ». Je rentrai et trouvai quatre volontaires avec des brancards, et nous parvînmes à ramener les deux hommes sains et saufs.

Le lieutenant Simon Fraser, du 58e bataillon (Victoria) est mort au combat à Bullecourt (Pas-de-Calais) le 11 mai 1917. Photo département australien des Vétérans [AWM H05926]
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